Mardi 28 Juillet 2015 / De Luchon-Superbagnères au lac de Portillon
C’est le départ ! Réveillé 5 h, un brin de toilette, je
m’habille, je vérifie ne rien avoir oublié dans la chambre de l’hôtel de
Lourdes, et je descends les deux étages qui me séparent du rez-de-chaussée…
En bas, la patronne est devant son PC… « Bonjour, Bien
dormi ? Oui merci… » En fait non, je n’ai pas très bien dormi, la
porte fenêtre de la chambre est d’un autre temps, un temps ou l’isolation au
bruit n’était pas une priorité, bref, j’ai entendu chaque véhicules passer
aussi bien que si j’avais été au bord de la route !
Pour l’heure, petit déjeuné ! Sur la table marquée de
mon numéro de chambre, (faudrait pas se tromper !!! surtout que je suis
seul à cette heure : 6h en fait) se
trouve une grande tasse, un quart de baguette, un croissant, des confitures en
dosettes et du beurre… Elle m’apporte du café, que je prends noir, je vais en
avoir besoin…j’avale comme si j’avais faim, le pain coupé en deux et couvert de
confiture puis le croissant… C’est que je ne veux surtout pas louper mon
train ! La dame me repropose du café, mais je décline… 6 heure et quart…
je me lève, j’enfile mon sac à dos, je la remercie, on se dit au revoir et je
file vers la gare juste en face.
Des cars ont déversés des jeunes qui ont terminé la première
période de colonie…Les groupes de dirigent vers les quais respectifs, moi
aussi, le quai tout au fond en plus : direction Toulouse.
Le train arrive avec quelques minutes de retard, je
m’installe dans le couloir d’un wagon aménagé en petits salons… On va pas se
battre ! Hormis la dizaine de jeunes installés en bout du wagon, on doit
être trois… 6h30… je regarde l’altimètre qui me sert aussi de montre, et l’écran
est blanc, m’annonçant que les piles sont HS… Mince ! Je n’avais pas un
instant imaginé remplacer les piles…Il faut que je m’en occupe à Luchon, en
prime j’ai aucun outil me permettant de l’ouvrir, ni même de savoir quel type
de pile bouton l’équipe… Avec la chance que j’ai, s’il le faut ça va être une
pile introuvable… J’ai déjà la conviction de devoir faire sans altimètre !
Les gares défilent : Tarbes, Tournay, Capvern,
Lannemezan… et enfin, Montréjeau… Je descends du train, direction la cour de la
gare, et le car est là ! Je vais attendre 5 minutes que le chauffeur
arrive… le voilà ( enfin) et nous
montons « Vous pouvez prendre le sac avec vous, y a personne d’autre que
vous… ! ) Finalement nous ne seront pas seul, un collègue à lui va monter
plus loin, puis d’autre personnes peu avant Luchon… Enfin pas la peine non plus
de déplacer un car de 40 places pour 5 pékins !
Bon, en fait, j'ai laissé hier ma voiture sur le parking de Gavarnie afin d'avoir le véhicule sur place pour rentrer et ramener Pascale sans compter sur un hypothetique stop pour regagner Lourdes. J'ai préféré prendre un peu de temps à effectuer ce transfert et faire un peu de tourisme calmement. Et du coup, j'ai dormi à Lourdes pour prendre le premier train pour Montréjeau.
J'en ai également profité pour déposer les repas des six derniers jours un peu en dessus de Sanit Lary Soulan, à Ens.
Me voici donc à Luchon, sur la cour de la gare. Direction
le centre ville ! je dois prendre du pain, de l’eau, et si possible
trouver une pile pour l’altimètre. J’évite la première boulangerie ; trop
grosse la boule, j’opte pour la seconde, un joli pain de campagne de 400g, la
vendeuse me garantie un fraîcheur à 5 jours : nickel. J’en ai trop pour
les trois qui me séparent de Saint-lary-Soulan, mais tant pis. Je range le
pain, juste en face d’un tabac-souvenirs et je me dis que c’est bien possible
qu’il y ait des piles boutons… A tout hasard, je vais demander. Le monsieur me prête
un tournevis, je lui donne la référence des deux piles : et super il les
a ! Je change les piles, je referme l’altimètre, je paye et direction les
thermes ! Je dois bien y trouver de l’eau de source !
Petit tour devant les thermes… et même dans le hall des
anciens thermes… pas d’eau ! pas le moindre robinet ! Il me semble
qu’il y a de l’eau en ville, mais je ne sais plus où ? Je redescends et me
dirige ensuite ver le télécabine. Ouverture 9h30… Je passe aux sanitaires sous
le bâtiment du télécabine et j’en profite pour faire le plein de ma
gourde. Encore 20 minutes
d’attente ! Je redescends sur les boulevards et vais prendre un grand café
noir…
Au départ, je voulais refaire les étapes que j’avais fais
l’an dernier pour en refaire les photos… Mais ça ne peut pas être pareil… La
chaleur s’est installée depuis pas mal de jours dans les Pyrénées…et puis je
n’aurais jamais les mêmes conditions à chaque instant de ce parcours… Alors mon
ambition à changé, dans la mesure du possible, je prendrais les photos des
endroits où je suis déjà passé, et sinon, j’ai concocté un tracé particulier, différent… Pour l’instant c’est couvert sur Luchon, on
ne voit pas Superbagnères pris dans les nuages… Ensuite, je n’ai pas envie de
me ruiner dès la première montée, mine de rien, la montée sur Superbagnères par
la crémaillère, où même par le GR10 est plutôt épuisante… avec peu d’intérêt,
puisque en grand partie dans les bois…
Je termine mon grand café, et direction le pied du
télécabine ! ça tourne ! Il y a un peu de monde et je prends le
billet, puis direction le pas d’embarquement… Je me glisse dans un œuf, la
porte se referme et c’est parti ! Luchon s’étale à mes pieds, puis la
cabine entre dans la brume…
Les arbres réapparaissent puis bientôt la prairie…la direction
se fait plus horizontale et la station d’arrivée apparait… La porte s’ouvre, je
sors… Nous descendons tandis que d’autre cherchent déjà à monter dans les
cabines…nous sortons de la station et… Pfff… le brouillard est dense…. On ne
voit pas à 10 mètres ! Je suis plus
ou moins le mouvement, le parking de Superbagnères apparait, les grands bâtiments
sont encore invisible. Au fond du parking deux jeunes femmes ont l’intention
d’aller jusqu’au Céciré, mais décident d’attendre que la brume se lève… Pour ma
part, j’y vais ! Je sais par où passe le GR10 et je me lance, ça finira
bien par se lever, surtout en prenant un peu d’altitude. C’est parti. Je suis
la route, puis la quitte pour la butte et prends ensuite le chemin de crête
vers l’est. Je ne risque pas de refaire les photos perdues de l’an dernier…
Rien à voir !
J’avance, et je comprends mieux mon état de fatigue de l’an
dernier… j’étais extenué, sur ce qui me semblait être un sentier de crête
tranquille. Finalement on prends près de 500 m de dénivelé…et succédant aux
1100 mètres pour accéder à Superbagnères, ça commençait à faire ! Du coup,
le télécabine était une bonne solution pour engager un étape autre que celle
que j’avais fait l’an dernier. Passé sous le Céciré, je croise un homme qui
revient du col. Il m'annonce qu’ il fait soleil au col, et ça ne devrait pas
tarder à se dégager. A peine nous nous quittons que le voile de brume
disparait…C’est une offrande ! Les 3000 sur la frontière se détachent sur une mer de
nuages…sublime…
J’arrive à l’endroit où j’avais planté ma tente l’an
dernier…J’y fais un tour afin de m’assurer que les sources coulent toujours,
c’est le cas… un bon indicateur sur le niveau hydrologique des massifs… Du
coup, j’ai quitté le GR et monte en direct ensuite jusqu’au col de la Coume de
Bourg.
Ça descend ensuite, quelques lacets avant un beau sentier plan à flanc
de versant. Les nuages couvrent encore les Granges, par contre le vallon
d’Esquierry est bien visible, véritable voie naturelle vers le Louron. Arrivée
de l’autre côté du cirque que forme la montagne de Médassolles, je vais faire
le pause déjeuné.
Il fait beau, et il
commence même à faire chaud. Je m’installe juste à la pointe du petit cirque précédent
avec celui que forme la Coume des Hounts Secs…
Petit repos bien mérité. J’ai prévu de m’arrêter prés du lac
d’Espingo, en fonction du monde qu’il pourra y avoir, et surtout de ma forme…
et je me demande si je ne vais pas avancer le plus possible vers Le Portillon…
Je repars :
descente, puis le sentier plan à flanc de versant, puis la montée, première
montée assez physique pour atteindre la Hourquette des Hounts Secs. Le lac d’Oo
est en bas, d’un beau bleu profond… je
prends quelques photos quand un homme accompagné de sa fille tout juste ado me
demande si c’est encore loin le refuge d' Espingo ?!?!?
« C'est-à-dire que c’est pas vraiment par là. Par là vous allez vers
Superbagnères !
-
?!?! C’est par où alors ?
-
Bé en bas, Il ne fallait pas monter ! à
l’intersection.
-
Ah, c’est pour ça que tout le monde montait. Je
comprends pourquoi y a plus personne !
-
C’est clair vous êtes sur le GR10.
-
Et oui, et comme on a vu la croix, on n’y est
pas allé.
-
Oui, Pour Espingo, il faut quitter le GR10
justement. »
Le souci, c’est que le monsieur est monté avec toute sa
famille, sa femme et une enfant attendent 50 m plus bas… et madame ne semble
pas ravie d’être arrivée près de la hourquette pour rien.
Alors descente pour tout le monde…300 mètres de descente
pour arriver à l’intersection. Il y a encore du monde dans l’ascension des 50
derniers mètres pour atteindre le col d’Espingo. Et voilà, le refuge domine le
lac sur la droite, le cirque d’Espingo en impose et Il y a du monde qui se
masse autour du col… peu en contrebas…
Je vais descendre en contrebas du col, vers le lac et
prendre de l’eau aux sources, puis je me dirige vers le lac Saussat qui ne se dévoile
qu’une fois la corniche passée, corniche aux airs de AyersRock avec cette bosse
de granit.
Très curieusement, il ne reste plus grand monde, hormis quelques
pêcheurs installés du côté sud et quelques randonneurs avertis, et décidés à
monter vers le Portillon.
Il fait chaud, très chaud dans ce cirque, et il n’est pas
vraiment tard, en fait suffisamment tôt pour me laisser le temps de monter,
même relativement lentement « Petit-Pas cale ? » Non pas encore,
même si j’ai ralenti mon allure…
En fait, je me fixe l’objectif d’arriver à La
Coume de l’Abesque : 200 mètres de dénivelé… Et donc, petit à petit,
j’avance… je me fais griller par deux jeunes femmes qui montent en courant… En
fait, il y a pas mal de monde qui monte et qui descend… Un groupe descend
des Spijeoles…D’autres du Portillon… Un hélicoptère a repris ses navettes entre
les Granges et le barrage du lac du Portillon surement en chantier… Loin de
baigner dans le silence qu’il mérite cet endroit…
Et j’arrive à la Coume de l’Abesque… Il est vraiment tôt, et
il y a encore pas mal de monde… Alors je continue encore un peu, et je vais
chercher un point de vue sur les lacs et
faire une longue pause.
Un groupe bien équipés avec cordes et piolets monte également, me dépasse et continue de monter. Je reprends la montée… conscient
que je vais devoir arriver sur le plat à 2500m sous le refuge pour tenter de
m’installer.
Alors tranquilou, je me dirige sous la pointe, puis attaque le
lacet, atteint le palier sur la bosse
qui domine le cirque, je double le groupe qui prends à son tour une longue pause, et
croise les deux coureuses qui redescendent… Je vais faire de nouveau une pause pour
laisser passer le groupe qui repart, préférant les avoir en mire devant moi que
me poussant…
Du coup j’alterne les derniers lacets assez bien et arrive au
plateau sous le barrage… Le groupe s’est arrêté et nous repartons ensemble vers
le refuge, mais je vais chercher un petit coin herbeux entre les rochers
arrondis et trouver non loin d’un ru un bel emplacement qui donne sur la gorge
du torrent qui s’échappe du barrage, en face du Pic Lezat. Il est un peu plus de
17h…Nickel !
L’hélicoptère continue ses va-et-vient… Je vais bien me
rafraîchir, me réhydrater surtout et me reposer un bon moment avant d’installer
la tente.
Grosse journée quand
même ! Même si j’ai profité du télécabine, ce que je ne regrette surtout
pas. Par contre, je suis défait ! Epuisé ! vidé ! J’ai trop bu
d’eau, et je vais me forcer à manger lentement pour ne pas sauter ce premier
diner… Je vais préparer un demi-sachet de Lyo : Sauté de Porc au poivre
vert et pommes de terre : Excellent ! Ce qui va me permettre de
retrouver un peu d’appétit…
Je m’installe pour la nuit, de toute façon, les nuages
sont remontés et la brume à pris la place de l’hélicoptère qui a fini sa
journée. Dans la gorge, outre une marmotte qui cri, j’entends les roches
rouler : peut être la présence d’isards ? Allez dodo… en fait je vais
tenter de dormir…