mercredi 17 décembre 2014

Etape 5 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Cinquième jour, le mercredi 23 Juillet 2014.

Lac Estagnol – Luz Saint Sauveur :  Distance : 20.938km, D+ 247m  D- -1802m


Gavarnie – Pont d’Artigouli (Gave d’Ossoue) : Distance : 4.809km, D+ 334m


Dans la nuit, envie pressante oblige je me lève et sors dehors…la brume est partie et forme une mer de nuages plus bas dans les vallées. Le ciel est magnifiquement étoilé mais je ne m’attarde pas ; Il fait un froid de canard, et je retourne au chaud sous ma couette.
Le réveil sonne et j’ouvre. Le temps est clair, pas un nuage, superbe. La toile s’est couverte de condensation et il fait très froid, 2,5° vers 7h d u matin, ça caille ! et je marche au ralenti, mode diesel.

J’éponge, je déjeune, je plis, je range, je fais mon sac, ah oui, il faut que je sorte mon GPS car je n’ai pas de carte du secteur. J’avais tellement espéré passer par le Pic de Campbieil et par la Hourquette de Cap de Long que j’ai coupé au ciseau  la partie de carte dont j’ai pensé n’avoir aucune utilité, mais bon, il se trouve que là, comme je dois aller plein nord, j’en aurai eu bien besoin… En fait, je ne sais même pas où je dois aller, ce que je vais rencontrer… et cerise sur le gâteau, je n’ai aucune idée de la façon dont je vais rejoindre Gavarnie depuis Luz Saint Sauveur. 

C’est pas un contretemps… c’est un changement. Je n’ai pas trouvé ce que j’espérais, je suis contrarié, pas au top de la forme, même si j’ai plutôt bien passé la journée de la veille. J’ai assez bien respecté le planning pour l’instant, mais je n’ai pas le top moral et si je dois me taper une journée de marche en foret le long du Gave de Pau, je sens que je vais faire une déprime. Bref, il en faudrait peu pour que je décide de rentrer aujourd’hui.

Allez c’est parti. Dommage, l’endroit est sublime, succession de petits lacs, le lac Nère d’abord, puis le lac Blanc, enfin le lac dets Coubous. Il y a un refuge pas loin et je vais être emmené à faire le guide :  « Mais oui, montez jusqu’aux lacs plus haut, ce n’est pas dur » auprès d’une dame qui ne sait pas trop quoi faire de sa journée. Je traverse le barrage et j’attaque la descente vers Superbarèges.  Bonne descente qui me permet de retrouver le GR10, ensuite il suffit de suivre le vallon et là je découvre l’iris des Pyrénées, la fleur reine de ce massif, et là,  aucune objection possible, l’iris est partout ici, couvre tout, irise la montagne de son reflet bleu, magnifique, spectaculaire.  Je vais passer un bon moment à faire des photos, tenter de voler la féerie de ces lieux.

Je continue ma descente et si j’arrive à la station de ski, je croise une fois de plus pas mal de randonneurs en herbe, un groupe important d’ados en colonie qui monte au pas…la montagne ça vous gagne… 
Plus bas, à la station, une jeune anglaise qui veut surtout être rassuré va me demander de lui confirmer le chemin. Très sympathique en plus, on va papoter un moment. 

J’arrive au parking de Tournaboup et de nouveau, les campings cars, les cyclistes ont envahis les lieux ; c’est la route qui monte au Tourmalet  et le prochain passage du tour fait déplacer un grand nombre d’aficionados. Je vais prendre la piste qui longe le torrent afin d’éviter de marcher sur la route et éviter la circulation. Bon, ce n’est pas le top cette route. Le torrent a fait pas mal de dégâts lors de la crue de l’an dernier. 

J’arrive à Barèges, en travaux ; le torrent a tout emporté dans la petite ville et les chantiers s’étirent sur tout le village, renforcement des berges, reconstruction des ponts et des passerelles. Je fais une halte au à la supérette casino et prends des fruits frais et du jus d’orange, plus loin à la boulangerie, je vais prendre du pain frais et un sandwich. Je refais mon sac, j’évacue mes poubelles et je repars. Je vais suivre à présent le GR10 F , F comme facile qui passe par Sers et Viey. Le sentier longe le torrent à mi hauteur de la montagne. Agréable, bien aménagé, il me permet de bien avancer. 

Il n’est pas encore midi et j’arrive à Vielha, peu avant Luz-Saint-Sauveur. Je vais prendre un panaché à la terrasse d’un café, puis je vais m’avancer encore un peu avant de faire ma pause déjeuné. Ça monte de nouveau alors que je ne faisais que descendre depuis mon départ ce  matin ; alors la pause est bienvenue. Il fait beau et ça commence à chauffer.
Je repars, et je rejoins le GR10 officiel. S'en suit une bonne descente sur les faubourgs de la ville. J’approche du camping et de la piscine et je décide de rejoindre le centre ville afin de voir si je trouve des transports en commun ou une navette qui pourrait me conduire à Gavarnie. 




Au syndicat d’initiative, on m’informe qu’il n’y a plus rien pour la journée, sauf des taxis ou du stop. Alors j’opte pour le stop, enfin je vais essayer… La problématique reste la même ; une journée de marche encore avant d’arriver sur Gavarnie… ou rentrer… Alors le stop pourrait me permettre d’avancer, de m’éviter une vingtaine de kilomètres en forêt. Je tente et si jamais ça ne marche pas, j’aviserai.
Je prends la longue ligne droite qui me rapproche du gave, et une fois passé la courbe je tends le pouce : une voiture, deux passent puis une troisième qui s’arrête. Un Ch’ti avec son petit fils qui va au cirque, moi aussi ! Merci beaucoup. C’est vraiment sympa. On va papoter un peu, le papi n’est pas fan du cyclisme, mais il aime les Pyrénées.  Nous arrivons à Gavarnie et il me dépose sur la place alors qu’il part se garer un peu plus loin. Merci beaucoup.

Je fais le plein de ma gourde à la fontaine du village puis je recherche la meilleure route pour rejoindre le GR10. Je vais suivre la D923 puis la D128 au premier lacet. Passé la D923, je quitte enfin la civilisation, enfin surtout l’attrait du cirque pour les touristes. Je longe le gave d’Ossoue et retrouve le balisage du GR10.

Passé le petit pont sur le gave, je tombe sur un camping à l’allure de camp de scout. Le sentier traverse le campement et alors que je le quitte je croise une jeune femme qui me demande à quelle distance se trouve le pont de Saint Savin. Je sors la carte et constate que nous nous y trouvons en fait. Elle commence à me dire qu’elle a rendez vous avec un ami au camping, et nous constatons que les tentes sont en fait un camping sauvage, et comme elle le constate aussi, elle se demande si c’est une bonne solution de s’installer ici, apparemment seule. 
Nous allons discuter un bon moment et je vais lui faire part de mes habitudes en mode bivouac. « Un point d’eau et à l’abri des regards ». On va se quitter et je vais continuer, mais je vais manquer la montée vers le refuge de Granges de Holles et continuer par le bois de Saint Savin. Tant pis, enfin tant mieux…j’ai envie de m’installer à proximité du gave et de trouver un bassin dans lequel patauger. Au pont de St Savin j’ai constaté que l’eau n’était pas trop fraîche et comme le temps est enfin beau en cette fin d’après midi, j’ai vraiment envie de faire trempette.

Passé le bois, le sentier se rapproche de la route et du gave qui me fait de l’œil «  Suis beau hein ! Ecoute mon doux bruit »  Comme je l’imaginais des bassins assez profonds vont me permettre de me tremper. Je trouve un coin ou je pose la tente, à l’abri des regards depuis la route. Il fait chaud, et il n’est pas trop tard. Allez, à l’eau !Bon elle est fraîche, mais ça fait du bien de se laver, de se sentir propre, de se baigner. Je vais laver mon linge, me raser, prendre le soleil sur un gros rocher puis monter la toile.

Tant pis pour le puriste, j’aurai pas fait la traversée totale des Pyrénées à pieds, mais comme je me sens bien ici. Je ne regrette pas d’avoir fait cette entorse. J’aurai pu marcher un peu plus ce soir, mais là aussi, la découverte de ce petit coin de paradis, ce moment exceptionnel et unique dans cette itinérance, ça aurait été dommage de ne pas le vivre.  Demain, promis je partirai de bonne heure pour arriver le plus vite possible au lac du Barrage d’Ossoue. 

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