mercredi 17 décembre 2014

Etape 6 :De Luchon à Hendaye, ma traversée des Pyrénées en 2014.

Sixième jour, le jeudi 24 Juillet 2014.

Pont d’Artigouli (Gave d’Ossoue) – Refuge Wallon Distance: 23.714km, D+ : 1683m D- : 1460m



Réveil à 5h ! C’est un grand jour pour un grand sommet : le Vignemale ! D’accord, je ne vais pas monter jusqu’en haut, mais seulement passer devant, mais quand même ! C’est le moment mythique de cette traversée. L’an dernier j’ai du renoncer au mont Valier, alors cette année, la Hourquette d’Ossoue, c’est un peu comme le point culminant de cette itinérance.

Rangement à la frontale, il ne faut pas que j’oublie le linge qui sèche étendu. Le jour commence à pointer et je boucle mon sac. Je rejoins la route, la D128 et parcours d’un bon pas les quatre bornes qui me séparent du barrage. Les fourgons remplis de randonneurs me dépassent. Ils vont sur les cimes, accompagnés…un aller-retour dans la journée. Bon, l’avantage pour moi, c’est que je vais être bien chaud pour monter. 

Là aussi, la retenue est en travaux et le lac est à son niveau le plus bas. Je suis le sentier dans la Houlette d’Ossoue, la vallée glaciaire couverte de moraine et arrive à la passerelle en travaux elle aussi. Je n’avais pas vraiment saisi le teneur des affiches informant de passer sur l’autre rive du gave…et je viens de comprendre en fait…je vais devoir traverser le torrent à pieds nus.

Me voici face à un mur, au pied du mur, un mur de plus de mille mètres de hauteur. Impressionnant ! Je me demande comment l’aborder. Sur la carte, ça ne parait pas aussi impressionnant, Il y a bien quelques lacets tracés avant d’arriver sur Baysselance, mais rien de bien inquiétant, même le profil ne semble pas démesuré ; pourtant le mur qui se dresse devant moi et que le soleil darde de ses premiers rayons est impressionnant. Allez, c’est parti !

Finalement, de seuil en seuil, de palier en palier,  montée après montée, j’arrive en vue du refuge. J’ai pris mon temps, tranquille, profitant de la grandeur des lieux, profitant du soleil, des vues sur la brèche de Roland qui se profile au loin. Je passe devant les grottes Bellevue, dernière montée et j’arrive sur le gros névé qui rempli la vallée. Le refuge est de l’autre coté, un peu plus haut. J’y vais et je m’installe sur la terrasse où je vais consommer un jus d’orange. Petite pause avant d’atteindre la Hourquette.  

Je repars… la dernière montée semble toujours moins dure, comme si de voir le sommet enlevait toute fatigue de monter. J’atteins la Hourquette d’Ossoue, le vide me fait face, un immense trou et il y a beaucoup d’éboulis sous le Vignemale. Une partie du glacier s’éffondre dans un bruit fracassant : Impressionnant. Tous regardent l’endroit où semble venir le roulement de tambour. Inquiétant ! Il y a du monde au col, c’est le point de jonction vers les cimes, le petit Vignemale, la pointe Chaussenque et je vais regretter de n’avoir pas tenté de les gravir… ils sont à ma portée…

Je descends, le sentier est à peine marqué dans le pierrier,  je fais attention, la descente de ce côté est moins facile que de l’autre. Dans la descente, je vois de l’autre côté de la vallée le col des Mulets et son accès : une ravine couverte de neige, un gros névé qui descend assez bas. J’aperçois un groupe qui monte en cordée. Ça n’a pas l’air d’être de la tarte et puis là, j’ai plus le choix et je ne veux surtout pas descendre sur Cauterets par le lac de Gaube. J’ai les crampons et je vais me tester sur ce névé. Ce sera une bonne occasion de m’entraîner.

J’arrive au refuge des Oulettes de Gaube. Il est presque midi et je vais en profiter pour y déjeuner. Au repas : Omelette fromage-lardons et un quart de vin rouge. Finalement auprès des autres randonneurs, je fais très coureur de  montagne : je descends de la hourquette d’Ossoue avec mon petit sac à dos, une omelette, un canon de vin rouge et je repars...

Direction le col des Mulets. Je remonte la vallée herbeuse et me trouve face à la montée ; La première partie de montée se présente sur du dur, ça monte bien mais ça se fait. On est deux à monter, un jeune homme, bien chargé, un sac devant un autre derrière, sans bâtons et moi-même. Comme souvent dans ce cas,  on fait nos pauses en alternance jusqu’au moment où on va s’attendre et entamer la discussion. On va monter ensemble, enfin jusqu’au névé. Il n’a pas de crampons, ni de bâtons. De toute façon le sentier est marqué et balisé un peu au delà de la ravine dansles rochers, évitant le névé jusqu’au col. 

Pour ma part, je chausse les crampons, c’est la première fois sur cette rando, et je me lance sur le névé. Aucune obligation puisque le sentier est juste à côté, mais c’est une initiation, un exercice que je m’oblige à faire. Sur la fin, je vais en baver, la pente est forte, et je ne tiens pas à me louper et je n’ai pas encore cette expérience non plus. J’arrive enfin au col, mon compagnon de montée vient d’arriver et il fait sa pause dejeuné. Allez c’est bon, j’y suis arrivé, j’ai les jambes en coton quand même… 

J’arrive au sommet au moment un groupe avec des ados s’apprête à descendre, sans vraiment évaluer la difficulté.  Ils se lancent sur la neige… STOP ! Heu …c’est la première fois que j’interviens auprès d’une personne… 
-          « Vous n’allez pas descendre par là sans équipement ? Vous avez des crampons ?
-          - Heu non…
-          - C’est raide ! et c’est une vraie patinoire par endroit, je vous le déconseille, vous avez le sentier balisé là juste sur la gauche.
-          - Ah bon merci… »

Pas évident d’intervenir de dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Allez, pause avec mon camarade lillois.  De l’autre coté, la montagne forme un cirque et le sentier qui descend juste après le col  va traverser tout le cirque jusqu’au col d’Arratille presque en face.
Je pars le premier, laissant mon co-randonneur le temps de terminer sa pause. Descente délicate, puis j’avance sur le sentier. Il fait chaud ici, ça cogne dans ce coin, et la source qui coule juste à côté du chemin est la bienvenue ; je fais le plein de ma gourde et je repars. 

J’arrive le premier au col d’Arratille, mon camarade peu après moi, « ça c’est fait ! » ce n’est que mon troisième col aujourd’hui. On papote un peu, notamment sur le but de cette journée. Moi, je me poserai bien au lac d’Arratille, lui veut aller jusqu’au refuge Wallon.  Il n’est pas très tard, il fait beau encore et des orages sont annoncés pour la soirée. On attaque la descente du col et je prends de l’avance. Je suis moins chargé que lui et avec les bâtons j’ai plus d’appuis, plus d’équilibre. Je vais continuer jusqu’au lac et faire trempette des pieds. Ça chauffe et je commence à avoir les pieds en compote. Le lillois arrive enfin et continu. Je vais également continuer vers le refuge Wallon. S’il doit y avoir un orage violent autant être à proximité d’un bâtiment en dur… et puis ça me rapprochera. Encore une heure de marche. Je vais rattraper le collègue et on va marcher ensemble jusqu’au refuge.  

Le coin est superbe, sublime, une magnifique vallée à la rivière ondulant sur une verte prairie, des bois qui entourent le refuge aux volets rouges, une chapelle… Nous arrivons et on va s’assoir sur le table à la terrasse ensoleillée. On va prendre une bière et potasser les cartes. Lui doit retourner sur Cauterets et prévois de passer par le lac de Pourtet, moi, je dois filer plein ouest, vers le col de Cambales. Notre bière terminée, on installe nos tentes sur la zone prévue à cet effet et faire un brin de toilette dans le gave des Batans. Les nuages vont faire leur apparition et ça va se rafraîchir. On va discuter un peu puis je vais aller dîner puis me coucher, j’ai prévu de ne pas partir trop tard, lui par contre a du mal à se lever de bonne heure, donc on risque de ne pas se revoir. 

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